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Du 2022-04-15 13:00:00 au 2022-09-05 00:59:00
L’exposition personnelle de Laura Henno au Palais de Tokyo présente un ensemble de films et de photographies réalisés dans l’archipel des Comores, notamment à Mayotte et à Anjouan. Depuis plus d’une dizaine d’année elle se rend dans cette zone de l’océan Indien afin de saisir toute la complexité de ces espaces insulaires et aborder des enjeux qui l’intéressent comme les migrations ou encore le passage de l’adolescence à l’âge adulte.
Adresse : Palais de Tokyo, 13, avenue du Président Wilson, 75016 Paris
Comment y aller en métro ou en bus :
Tarif :
De 9 à 12 euros
Réservation :
conseillée
Au fur et
à mesure du temps, elle a constitué un ensemble conséquent d’images fixes et
animées qui ont aboutis, à plusieurs œuvres. En 2019, elle remporte le Prix SAM
pour l’art contemporain qui lui permet de produire le dernier opus de ce projet
clôturant ainsi un corpus qui questionne un territoire contrasté, fissuré par
des politiques migratoires et par un héritage colonial omniprésent.
Dès 2013,
Laura Henno s’attache à décrypter les tensions sociétales qui traversent ces
îles de l’océan Indien. Les conséquences tragiques d’une immigration qui,
depuis les années 90, a entraîné la mort de milliers de clandestins, vont la
conduire sur les traces de Ben et Patron, passeurs à bords de kwassa-kwassa,
ces embarcations de fortune qui relient presque quotidiennement l’île
d’Anjouan, une des trois îles de l’Archipel des Comores, à Mayotte, 101ème
département français depuis 2011.
Au fils
des voyages successifs entrepris entre Anjouan et Mayotte, les liens créés au
cours de nombreuses rencontres se traduisent par des amitiés durables. De ces
relations, elle fait émerger plusieurs œuvres filmiques, pour lesquelles elle
use d’une écriture métaphorique révélatrice d’un territoire tout en résistances
et croyances animistes.
La
captation qu’elle opère d’une réalité de situations et de lieux, lui permet de
réaliser en 2016, Koropa, un long plan séquence dans lequel le jeune
Patron, âgé d’une douzaine d’année, apprend son métier de passeur. Deux ans
plus tard, elle finalise le montage d’un autre film qui montre le lien
indéfectible reliant Smogi à Djo son chien berger des mangroves qu’il a
recueilli et sauvé. Avec cette œuvre elle nous entraine vers les hauts de Mayotte
et nous fait ressentir tout l’onirisme d’un monde où l’homme vit en symbiose
avec l’animal.
Pour
cette exposition, Laura Henno achève ce projet au long cours en présentant une
installation filmique inédite qui représente pour elle un véritable aboutissement.
Ge ouryao ! Pourquoi t‘as peur ! Cette interjection communément utilisée
à Mayotte, ramène aux peurs intrinsèques de cette société post-coloniale. En
suivant les vagabondages de la bande des Boucheman, de jeunes comoriens
immigrés clandestinement à Mayotte, elle questionne des phénomènes
d’acculturation qui mènent aujourd’hui tout un territoire au bord de la
rupture.
En
suivant les errances de ces vies clandestines, elle rend compte d’une capacité
d’invention, d’imitation ou encore d’adaptation. Elle pointe ainsi une notion
de résistance active au sein d’une contre-culture dont l’organisation et les
valeurs se construisent en opposition à celles d’une société dominante. De ces
réponses amenées par cette jeunesse marginale, naissent des postures, des
rapports corporels, que Laura Henno observe et restitue rendant ainsi une
visibilité aux corps. La meute de chiens dressés à protéger et à attaquer,
élevés au sein d’une nature sauvage omniprésente, devient le leitmotiv d’un
récit allégorique. La relation entre l’humain et l’animal trouve ici
l’expression visuelle de rapports immémoriaux de dominance et de soumission.
Laura
Henno a fait le choix de privilégier une approche filmique où le réel se
réinvestit de potentiel fictionnel. Les images qui en résultent puisent
largement dans les codes picturaux et cinématographiques, se détachant d’une
ambition purement documentaire, et laissent la place à tout une dimension
poétique. En restituant le vivre-au-monde* de communautés en marges, elle nous
interroge sur les conditions de l’acceptation de l’altérité et montre la
difficile intégration de la différence à une société hégémonique.
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